lundi 6 avril 2009

Les dunes.

Enterrez-moi sous les dunes. Je ne vois plus. L'ombre me couvre et dans mes rêves les plus obscures, une fragile lumière m'observe. J' y vois la prunelle de tes yeux azurs, ciel d'été. Et la brise fraiche envole mes idées. Qui s'éparpillent. Quelle est cette lumière ? J'ai acheté une porte à mon esprit. Des portes vers d'autres mondes. Depuis, il sourit tout le temps. Il se moque. Le ciel est flou. Selon la persistence de notre regard, il est soit bleu clair soit blanc. Il semble être droit et descendre comme une face de toit. D'un toit pardon. Et la lune ? Elle pleure, la nuit est sombre et les étoiles boivent du vin. Mon esprit s'éclaire. Je suis une vache à bière. A prière. Espace stellaire. Univers. Je suis une vache à vers. Mes pensées me transcendent. Mes nerfs se tendent. Je pense à toi. Le clocher derrière la vitre ressemble à une croix. L'église à un sanctuaire tombal. Et ma tête tourne à un rythme infernal. Je ne peux pas me suivre. Une rivière. [La rive d'une ère s'éloigne progressivement]. Je ne m'intercepte pas. Je me noie, c'est un tourbillon. Ou un twist. Danse. Mon âme danse, mon coeur a le mal de mer. Ma conscience, le mal de l'air mais les nuages la rassure, lui disent "ça passera, ce n'est que passager". Et elle répond : 'mais je ne veux pas être passagère, posez cet avion par terre!" ; "Impossible, on a l'habitude des gens comme vous. Nous, nous nous effondrons en pluie, vous, vous attrappez la folie". "NON" et ce sera son dernier mot. Ma conscience s'est évaporée. Je sens l'orage, le tonnerre, les éclairs, la tempête. Mes larmes pleuvent et s'écoulent sur mon visage. Des rivières. Et j'attends. Que mon canoë passe toi et tes yeux voilés. Les portes d'un labyrinthe. Et je ne sais pas où je vais, je ne sais pas où je suis. Je ne sais plus qui je suis. Et j'aime. Unilatéralement, à l'absolu. Je sens ton essence. Et je la convoite. Il me faut tout te voler. Pour que tu n'ai plus rien. Et que je puisse t'accueuillir, faire de toi mon invité. J'ai besoin de toi. Pour que tu soignes mon coeur brisé. Tu sais ce que c'est. Mais tu ne parles jamais d'amour. Tu es muet. On t'aimait. Pourquoi ? Qu'attendons-nous ? Pour nous revoir. Boir. S'asseoir au sommet de la Terre. Regarder les gens ici bas marcher et pleurer. Attendre. Pourquoi ? Nous ? Toi ? Moi ? Que fais-tu ? A qui penses-tu pour ne pas penser à moi ? je suis.
Je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime...

Tout simplement, toi uniquement. Je me taris.


Même jour, plus tard.

Ma mère m'a encore demandé : "qu'est ce tu as ?" Question à laquelle on ne peut pas répondre. Puis "je vois que ça va pas". Mais je vais où ? C'est pas ce que j'ai qui n'est pas, ni où je vais, c'est ce que je suis qui n'est pas. Mon esprit est l'antre d'un chantre. C'est certes luxueux mais bordellique. [C'est l'antichambre de quelque chose]. Je ne peux me comprendre même après un nettoyage de printemps. Je suis foutrement vide, je ne suis pas. Certains disent que fumer nous détourne de la réalité mais c'est faux. Pour moi c'est le contraire, c'est en fumant que je suis le plus ancrée dans la réalité. Le temps passe plus lentement. Par ailleurs, fumer me brûle la mémoire. Mon passé est distant ansi je vis d'autant plus dans le présent. Rien de mieux que la descente pour nous rappeller notre réalité. Je suis paradoxale, je suis une junkie vulnérable. Je suis différente. Aujourd'hui, on me demande ce qui a changé depuis la dernière fois qu'on s'est vu. Rien, bien sûr. Puis, pire, on me traite de poète. Tout ça pour une [vulgaire] rime entre transcendant et décadent. N'importe quoi, je ne suis pas poète. Je suis un verre qui sillonne la terre ; de l'air qui survole la mer ; du vent qui chasse les nuages et qui refroidit le soleil. Non, je suis prosaïque, utilitaire, et artificielle. L'éternelle beauté chérie par les esthètes ne me touche pas. Je vis dans une chrysallide qui fleurit à l'automne lorsque les fleurs recouvrent les tombes et que les notes s'accordent tristement. Par delà les vallées des guitares emboisonnées pleurent sauvagement. Les arbres sont nus. Non, je ne suis pas poète. Un poète c'est la terre, l'air, le vent, la mer, les rivières, l'hiver, solaire, stellaire. C'est une prière à la faveur de ceux qui disent que la religion est l'ombre de l'univers sur l'intelligence humaine. Non, un poète est tout ce que je ne suis pas. C'est le prêtre de l'univers. L'ange maudit de la vie. Le diable du temps. Le satan du coeur. C'est lui qui porte la vie en premier ; c'est lui que la vie emporte en premier. [Elle qu'il ne supporte.] Non, il n'est pas bon d'être poète. La poèsie est la prison de l'esprit. Elle force à chercher à s'évader par tous les moyens : Whisky, beauté ou fumée. C'est le cercle noir autour de tes yeux colorés, celui qui prend feu lorsque tu regardes trop longtemps le soleil. Celui qui t'empêche de voir tout. Notamment à travers les corps et les coeurs.
Ton âme entre dans une danse infernale. La musique t'attaque frontale. La mélancolie résonne à tes oreilles, froudroit ton sang qui coule à présent sur tes lèvres humides. La fleur, unique fleur que tu possèdes se flétrie doucement. Tu te sens trahis. Le poète se meure et signe son épitaphe de ces derniers mots : "enterrez-moi sous une dune, dans l'antre du chantre."


Désolée pour ce texte amer.
Pour sa cru(au)té.
Je suis aigrie. Je suis un vin aigre.

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